Loin d’épargner l’industrie fromagère, les défis énergétiques conditionnent désormais son niveau de performance. Ses acteurs cherchent à préserver leur capacité de production et à réduire leur facture énergétique, en optimisant leur mix et en s’engageant dans une décarbonation progressive. L’heure est à la mise en œuvre d’une stratégie concrète de réduction des consommations, en activant des leviers d’optimisation spécifiques au secteur.
Pris en étau entre des coûts de production qui s’envolent et des hausses de prix insuffisantes, les industriels réclament même un bouclier énergétique (plafonnement temporaire du prix du gaz) et de nouvelles négociations tarifaires – le prix du lait payé aux producteurs étant l’un des plus bas d’Europe[1]. Mais cela ne fera pas tout.
Si l’équation posée aux industriels est complexe, c’est par des choix forts en équipement, en ingénierie et en pilotage qu’ils prendront en main leur destin énergétique.
Non seulement cette industrie est connue pour être fortement territorialisée, les sites de production étant proches des exploitations laitières, mais elle est aussi énergivore. D’après nos calculs depuis des données terrain et des informations de l’ADEME[2], la consommation énergétique dédiée à la fabrication du fromage représente entre 6% et 10% de l’empreinte carbone d’un fromage sur son cycle de vie complet (de la vache au rayon du magasin). Cette fabrication émet plus ou moins de gaz à effet de serre (GES) suivant qu’il s’agit d’un fromage à pâte molle (140g de CO2eq pour 1kg de fromage produit) ou à pâte dure (250g de CO2eq pour 1kg).
Or les factures énergétiques s’envolent : 1 milliard d’euros pour l’ensemble du groupe Lactalis, et une hausse de +800% pour Sill Entreprises entre 2021 et 2023, comme l’expliquait en septembre dernier M. Huard, président de la CNIL[3]. Et pour une fromagerie, l’énergie représente désormais près de la moitié des charges, complète-t-il[4]. Au point que l’on pourrait même craindre des défaillances dans les prochains mois.
De quoi interpeller sérieusement des industriels soucieux de rationaliser leurs coûts de production et leur impact, tout en restant proches de leurs consommateurs. D’un côté, le pilotage carbone entre dans les mœurs comme en témoigne l’exemple du groupe Bel avec son programme Bel Low Carbon. De l’autre, les clients, notamment les plus jeunes, se sentent concernés et sauront arbitrer en faveur de marques et de produits énergétiquement vertueux.
Un contexte qui invite l’industrie fromagère à optimiser son mix énergétique. Heureusement la filière recèle un important potentiel d’économies, qu’il s’agisse de mieux dimensionner et optimiser les équipements (chaudières, groupes froids), de récupérer la chaleur dans les process ou encore d’installer des solutions d’énergies renouvelables en autoconsommation (biomasse, solaire).
Sur le terrain, les initiatives et réalisations fleurissent :
Ils résident principalement dans une régulation de l’énergie thermique pour les cycles de maturation et de pasteurisation.
Concrètement, le lait arrivant pour fabriquer du fromage est à 5°, et le fromage sort aussi à cette température, malgré une pasteurisation du lait (à 72°), et une maturation à 40°C, intervenues entre temps. Un procédé énergivore, puisque le réchauffement est habituellement assuré par de la vapeur à 180°, provenant de chaudières à gaz. Une habitude qui ne posait pas de problème avec un prix du gaz faible. La crise ukrainienne change la donne car il devient urgent de sortir de la dépense au gaz.
Mais les industriels fromagers sont imaginatifs. Ils ont appris à synergiser différentes sources de chaleur provenant d’un poste et les besoins en chaleur d’un autre. Ils peuvent la récupérer sur les groupes froids (également producteurs de chaleur), ou encore le "petit lait" qui est à 35° potentiellement gaspillé et récupérable comme source de chaleur auxiliaire. Cela fonctionne, puisqu’une eau chaude à 80° permet d’atteindre un résultat similaire à une vapeur à 180°, qui était délicate à réguler.
De toute façon, il n’est pas question de transiger avec la pasteurisation. C’est elle qui donne au fromage sa qualité, et c’est d’elle qu’il faut partir pour songer à optimiser votre mix, et atteindre le plus intelligemment possible la température critique. A l’heure actuelle, il n’est pas question d’éluder le process, ni de produire à "moins chaud".
Notons enfin que certains industriels comme Bel innovent en proposant des formules végétales. Ainsi un mini-babybel ”planted based” au Royaume-Uni ou une édition Vache qui rit 100% végétale à l’occasion des 100 ans de la marque l’an passé, ont pu être proposés avec des process spécifiques, pouvant eux-mêmes être optimisés.
Industriels, si vous ne manquez pas d’options, notre catalogue vous aidera à tirer votre épingle du jeu :
Nous nous inscrivons aux côtés des industriels du fromage dans la recherche et la mise en place de solutions décisives et pérennes.
[1] Selon François-Xavier Huart, président de la CNIL dans http://www.oise-agricole.fr/actualites/l-industrie-laitiere-prise-en-etau:EG22X5I6.html
[5] https://www.ria.fr/actualites/bel-accelere-sa-decarbonation/
[6] https://www.usinenouvelle.com/article/comment-le-groupe-bel-s-engage-pour-la-decarbonation.N1783727
[8] http://www.industrie-mag.com/article22728.html
[9] http://www.industrie-mag.com/article22728.html
[10] https://www.savencia.com/reduire-notre-empreinte-environnementale